Les Femmes et la science(-fiction) : Magali Guyot

Après les vacances d’été et la présentation de notre première auteure, Cathy de Saint-Côme, le mois dernier, il est temps de vous présenter Magali Guyot, écrivaine française de science-fiction, rencontrée lors de la 47e Convention nationale française de la science-fiction, à Orléans.

Magali Guyot

 

Une enfance paisible entre dessin, lecture et écriture

Magali Guyot est une femme réservée. C’est du bout des lèvres qu’elle parle de son enfance, de sa famille, de son parcours. Le mystère est entier autour de sa date de naissance : “Moi, ça fait des années que j’ai 29 ans. J’ai 29 ans dans ma tête !”

Magali est née à Cosnes-Cours-sur-Loire, dans la Nièvre, d’un père maçon et d’une mère au foyer. Aujourd’hui, elle vit non loin de là, dans un petit village de cinq cents habitants, avec deux chiennes, deux hamsters et un homme. “Ça fait cinq enfants à la maison, tout ça”, répond-elle quand on lui demande si elle en a, justement.

Magali s’est d’abord mise au dessin, dès deux ans, comme la plupart des tout-petits, avant de se plonger dans la lecture, comme sa mère et sa grand-mère. Depuis ses premiers gribouillis, elle a fait du chemin. Elle trace aujourd’hui de magnifiques portraits : Emilia Clarke, la Reine des dragons de Game of Thrones, ou encore Patrick Dempsey, le docteur “Mamour” de Grey’s anatomy, pour ne citer qu’eux.

Emilia Clarke, de Magali Guyot

Daenerys Targaryen – Emilia Clarke -, de Magali Guyot

Mais aussi de superbes nus, avec pudeur. Rien n’est jamais vulgaire. Magali aime faire travailler l’imagination, suggérer, plutôt que montrer de façon crue. “Quand je dessine, je ne regarde pas le corps humain comme quelque chose de honteux ou qui fait rougir. Pour moi, c’est un sujet comme un autre.” Exactement comme dans ses écrits : “Quand t’écris, c’est pareil, t’as pas honte d’écrire ta scène érotique !”

De Magali Guyot

L’écriture est arrivée dans la foulée, de manière naturelle. Fan de séries télévisées et de cinéma, Magali fait partie du milieu “geek”. La science-fiction a été son premier amour, notamment grâce à Steven Spielberg, au cinéma. Côté romans, c’était Stephen King qui l’absorbait. Très tôt, Magali a su qu’elle raconterait des histoires…

 

Un projet de vie bien balisé

Pour Magali Guyot, l’écriture “c’est avant tout une passion et un loisir”. Elle ne voit pas ça comme un travail, tout comme le dessin. Elle n’a jamais eu dans l’idée d’en faire ses métiers. Le plus important pour elle était de trouver un emploi qui lui permettrait d’exercer ses passions en parallèle. Elle souhaitait être indépendante rapidement. C’est ainsi que, le bac pro comptabilité en poche, elle a été employée comme vendeuse pendant plus de dix ans, avant de devenir employée de production, il y a trois ans. Son travail diurne lui permet ainsi d’exercer l’écriture en nocturne.

De même, ses projets d’écriture sont très clairs dans son esprit : “Quand j’ai commencé à écrire, je savais que je voulais écrire un roman dans chaque genre.” Mais pas seulement : “Dans ma liste de petits challenges, je m’étais fixé une saga, et je me suis dit : “Tiens, la saga, ce sera la dystopie”[1]”. C’est ainsi qu’elle a écrit un roman d’anticipation, 2030 (paru en 2018) ; un thriller psychologique, Cassandre (2019) ; une saga de science-fiction, Les Chroniques de la cité (T.1 : mars 2019 ; T.2 : décembre 2019), dont le troisième et dernier tome paraîtra en novembre ; un roman policier, Les vignes ardentes (2020) ; et que paraîtra, au printemps 2021, une romance teintée de science-fiction : Eternité ou Eternels. À ce jour, ce sont donc six romans qui ont été publiés chez différents éditeurs. “Pour l’instant, je suis ma p’tite feuille de route, l’air de rien. Et puis là, j’ai un fantasy en cours…”

47e Convention nationale française de la science-fiction, Orléans.

Car Magali ne connaît pas l’angoisse de la page blanche. Certains sujets lui tiennent à cœur et, selon le sujet, elle choisit le genre qui conviendra le mieux. Elle adapte le genre à ce qu’elle veut dire sur le moment. Magali est un caméléon de l’écriture, qui se nourrit de l’obscurité de son bureau. Elle est capable d’écrire un roman de deux cents pages en un mois, tant l’histoire coule toute seule. Il lui suffit de s’isoler dans son cocon aux volets fermés, à peine éclairée par la lueur dégagée par son écran – au fond noir –, et c’est parti. Elle s’entoure parfois de la musique qui collera le mieux à telle ou telle scène. Pour Les Chroniques de la cité, par exemple, elle était accompagnée de Enjoy the silence, de Dépêche Mode. Pour son prochain roman, c’est L’hymne à l’amour, d’Edith Piaf, qui tournait dans sa tête et qui collait à son personnage principal.

 

La science-fiction pour critiquer la société

Magali écrit de la science-fiction depuis 2018. Elle s’est tournée plus spécifiquement vers la dystopie, pour critiquer le mode de fonctionnement de notre société. Elle souhaitait dénoncer cette propension qu’ont les gens à toujours vouloir se mettre dans des cases, à juger les autres, et à s’agresser pour la moindre différence. “Une guerre, ça tient juste à deux, trois fouteurs de merde – c’est malpoli de le dire, mais c’est vrai – qui, pour une question de pouvoir ou de pognon, arrivent à foutre un boxon pas possible sur des populations qui sont différentes, qui effectivement ne pensent pas de la même façon, qui ont des modes de fonctionnement très différents, qui vivent chacune de leur côté, mais que tout ça ne gêne pas !” C’est ainsi que, dans ses Chroniques de la cité, Magali met en scène deux populations bien distinctes – l’une d’elle est très avancée technologiquement – et décrit une situation qui s’envenime et dégénère peu à peu…

La dystopie lui a permis de dresser une société futuriste, à la fois éloignée de nous afin que les lecteurs se sentent moins directement concernés et prennent plus de recul sur les événements décrits, et à la fois très similaire, afin d’en dénoncer les travers et de faire réfléchir. Le choix d’une trilogie s’est imposé à Magali, qui souhaitait montrer comment le passé avait un impact non négligeable sur les générations futures. Le premier tome des Chroniques de la cité contient de nombreux personnages. Cela permet de poser la société en question, d’exposer les différentes forces en présence et les problématiques qui en découlent. Puis, au fil des tomes, l’étau se resserre, jusqu’à ce que l’histoire se focalise, dans le troisième tome, sur deux personnages principaux : les descendants des protagonistes du premier tome. A côté de cela, tout au long de la trilogie, tel un fil rouge, un robot observe les humains avec étonnement : “C’est le retour objectif. Il voit ce qu’il se passe, il ne comprend pas les manipulations, il ne comprend pas les émotions humaines, la psychologie humaine. Il se dit qu’ils sont fous, en fait !”

“Les Chroniques de la cité” : tomes 1 et 2, de Magali Guyot

Le tome 3 des Chroniques de la cité sera disponible en novembre, aux éditions Faralonn.

Dans la continuité de sa volonté de traiter de sujets qui la touchent, Magali a choisi d’aborder la question de l’immortalité dans son prochain roman, à découvrir en mars 2021, aux éditions Livresque.

Et après ? “Dans ma tête, j’ai déjà les histoires pour les trois, quatre, cinq prochains bouquins ! J’ai au moins une liste de dix sujets à aborder.” De quoi écrire et ravir son lectorat jusqu’en 2030, minimum, et d’arriver à l’époque de son premier roman…

Les romans de Magali Guyot peuvent être lus dès 11 ans. Ils abordent des sujets qui touchent tout le monde et qui amènent à réfléchir dans différents domaines.

Vous pourrez la croiser sur de prochains salons, en 2021. Pour la suivre, rendez-vous sur son site Internet et sur sa page Facebook.

 

H.G.

[1] Dystopie : récit de fiction qui décrit un monde utopique sombre.

 

Article précédent, dans la série “Les Femmes et la science(-fiction)” :

Célia IBANEZ, écrivaine française de science-fiction – mai 2020.

 

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