La Convention nationale française de science-fiction 2020

Vive la rentrée ! Cette année, elle était particulièrement attendue ! Et pas seulement parce que j’ai une petite fille qui tourne en rond depuis cinq mois comme un lion en cage… J’ai surtout beaucoup de nouveautés à partager avec vous.

Avant toute chose, il me faut vous parler de mes vacances, durant lesquelles j’ai participé, cette année encore, à la Convention nationale française de la science-fiction. Elle s’est déroulée sur quatre jours, à Orléans-La Source.

C’est un sacré déplacement pour moi, depuis Toulon. Vingt heures de voiture aller-retour, ce n’est pas rien. Ah ! Qu’est-ce qu’on ne ferait pas par amour !

Car, vous vous en seriez doutés, j’aime la science-fiction, tout comme les organisateurs de la Convention qui ont surmonté toutes les contraintes sanitaires liées au Covid-19 afin de nous permettre de nous réunir. Ces contraintes n’ont découragé – presque – personne, et les fans ont pu se retrouver pour partager leur passion.

La Convention nationale française de science-fiction

Vous l’ignorez peut-être, mais la Convention est ouverte à tous. A la différence d’un salon du livre ou d’un festival, elle nécessite une inscription et n’est accessible qu’aux personnes inscrites. L’inscription permet d’assister à chacune des conférences qui se tiennent tout au long de ces quatre journées, de rencontrer les auteurs et éditeurs présents, de partager des repas conviviaux, de faire partie du jury du Prix Rosny Ainé, ou encore d’assister à la vente aux enchères fiévreuse du samedi soir.

A Orléans, étaient ainsi présentes les éditions Actu SF, Critic et Le Grimoire.

La vente aux enchères intergalactique.

La thématique de la Convention nationale de la SF 2020 était : « La voix », ou comment faire connaître la voix des auteurs.

A cette occasion, des traducteurs ont été mis à l’honneur. Sara Doke, Sylvie Denis, Jean-Daniel Brèque, Lionel Davoust et Michel Pagel sont intervenus dès jeudi.

Vous pouvez consulter le programme des conférences qui est toujours accessible sur le site de la Convention, ICI. Je vais à présent vous rapporter quelques-uns de leurs contenus.

Le sujet des premiers débats était l’exportation des livres français à l’étranger, et en particulier les livres de science-fiction.

La traduction

Les livres qui sont d’abord traduits sont les bandes dessinées, les livres pour la jeunesse et la littérature blanche. La science-fiction représente 6 % des exportations. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le premier marché à l’exportation est l’Asie, et non le marché anglo-saxon – qui lui, nous inonde. Le principe de l’exportation est simple : le livre doit d’abord avoir un certain succès sur le marché français pour qu’il commence à intéresser les marchés extérieurs. Ce sont eux, ensuite, qui vont venir acheter les droits pour le diffuser à l’étranger.

Il est à noter que défendre un livre sur le territoire national est déjà très difficile pour les petites structures d’édition de science-fiction. Elles n’ont pas les moyens d’engager des professionnels pour cela. Dans ces conditions, permettre aux auteurs français de science-fiction de rayonner à l’étranger est quasiment mission impossible.

Ainsi, seulement quatre à cinq livres sont traduits pour l’étranger par an.

Cette conférence nous a permis de comprendre les raisons pour lesquelles la littérature de science-fiction française avait du mal à se faire connaître à l’étranger. Encore faudrait-il qu’elle devienne plus populaire auprès du public français… mais c’est un autre problème.

SF et écologie

Une autre conférence intéressante abordait le thème : « SF et écologie ».

Pour Claude Hecken, on ne peut pas faire de SF sérieuse sans parler du problème écologique à la vue des problèmes actuels.

Car la science-fiction, c’est cela : parler des problèmes de société du moment, les pousser dans leurs retranchements et en étudier les excès. La science-fiction n’est pas coupée de notre monde, de notre réalité. Ce n’est pas parce qu’on parle d’extra-terrestres par-ci et de vaisseaux spatiaux par-là – entre autres – que les auteurs, lecteurs, éditeurs et tous passionnés du genre n’ont pas les pieds sur Terre. Bien au contraire. « La science-fiction est la mieux placée pour étudier et analyser les menaces qui pèsent sur nous en appréhendant les conséquences qui se profilent et proposer éventuellement des solutions. »

Pendant longtemps, la science-fiction ne parlait pas d’écologie car personne ne ressentait les effets du réchauffement climatique, ni sur l’environnement ni sur les hommes.

Aujourd’hui la « climate fiction » est devenu un genre à part entière, dans lequel les auteurs abordent le thème du changement climatique.

La SF aborde souvent l’écologie en lançant des alertes, comme dans ces récits où la nature s’élève contre l’humanité. Citons par exemple Le jour où la Terre s’arrêta, After Earth, ou encore Interstellar.

Une solution extrême au problème écologique revient régulièrement dans les œuvres : la fin de l’humanité. En effet, le thème de l’écologie est généralement pessimiste.

Ou alors on aborde une stratégie de fuite : puisqu’on a détruit la Terre, on va essaimer ailleurs en essayant de ne pas refaire les mêmes erreurs. On met alors au point la géotechnologie planétaire. On utilise par exemple des astéroïdes pour stocker des ADN d’animaux, qui permettront à la vie de renaître ailleurs. La biodiversité a pris une importance capitale.

Ainsi, la science-fiction reproduit les tendances de la société : d’une vision optimiste de l’avenir, elle est devenue plus pessimiste, plus sombre. Les utopies sont aujourd’hui des fantasmes qui n’ont plus guère de crédit.

En fin de conférence, Lionel Davoust est intervenu : « L’écologie est une science à la fois descriptive et prescriptive. La solution est indissociable de la vision qu’a l’humanité de la biodiversité, car c’est elle qui décrit qu’un écosystème sain préserve la biodiversité. »

Rappelons que les scientifiques s’évertuent à présenter les faits et non à donner des avertissements. C’est ensuite aux auteurs de SF de proposer des solutions et de les exposer pour en voir les avantages et les inconvénients. Aux lecteurs, ensuite, d’y réfléchir…

La procrastination de l’écrivain

 

Photo tirée du site Babelio.

 

Lionel Davoust a donné une conférence à propos de « la procrastination de l’écrivain ». Cette conférence aurait mérité d’être suivie par nombre de jeunes auteurs ! Elle avait des airs de coaching, avec ce conférencier dynamique qui avait tant à nous dire !

Tout d’abord, Lionel Davoust a apporté des réponses à la question suivante : « Comment travailler mieux et ne pas travailler dans la souffrance ? » Il a listé les causes de procrastination et les moyens de lutter. En effet, presque tous les écrivains « rament », mais beaucoup ne l’avouent pas.

Ecrire un livre s’inscrit dans la temporalité : cela prend du temps. Il est même parfois nécessaire de réécrire entièrement un livre ! ─ C’est d’ailleurs ce à quoi je m’emploie actuellement… ─ Cela demande du courage, de la détermination, de la patience, mais surtout, la volonté de s’y mettre chaque jour.

Pour lutter contre la procrastination, il est d’abord important d’apprendre à connaître comment on fonctionne, en tant qu’écrivain. C’est en s’entraînant chaque jour qu’on y arrive.

Ensuite, il est important de se demander : « Pourquoi j’écris ? » Qu’est-ce qui nous motive profondément ? Certaines raisons, comme gagner de l’argent ou être publié par un éditeur, ne sont pas bonnes. Il est nécessaire de se rendre à l’évidence pour ne pas souffrir de désillusions en permanence : très peu d’écrivains sont publiés et un nombre encore plus minime arrive à en vivre. Il est donc important de placer notre énergie d’auteur et notre amour de l’écriture dans le fait de faire, de se placer dans l’amour du processus. Et là, on rejoint une notion importante qui revient souvent dans les formations de développement personnel : « Il est important d’apprécier le chemin ». Je suis tout à fait d’accord avec cela.

Enfin, construire du « feedback » est un troisième moyen de lutter contre la procrastination. Le « feedback » est le retour sur une expérience, une sorte de bilan tiré à partir d’un événement. En l’occurrence, le « feedback » permet de prendre du recul sur notre travail d’écriture et de progresser. Pour construire du feedback, voici quelques pistes :

Lionel Davoust a fini en rappelant que l’écriture EST la réécriture. Le premier jet est la base, le terreau. Réécrire un premier jet est le vrai et profond travail d’écriture. N’envoyez jamais un premier jet à un éditeur.

Les bêta-lecteurs sont importants, aussi. Mais l’auteur doit rester prudent quant à leurs avis. « S’ils pointent un même problème, alors ils ont certainement raison. S’ils pointent tous des problèmes différents, ils ont certainement tort. » Voilà qui me semble assez juste et que j’ai pu moi-même vérifier avec mes bêta-lecteurs.

Pour conclure, Lionel Davoust a remis l’accent sur l’importance du travail quotidien, régulier, persistant. Car : « The amateur tweets. The pro writes », S. Pressfield.

 

La Convention s’est poursuivie avec la remise de nombreux prix, en particulier celle du Prix Rosny Ainé du roman et de la nouvelle. J’en parle dans un article sur mon blog d’auteure, à lire ICI.

Le dimanche, après les dernières conférences, nous nous sommes donné rendez-vous l’année prochaine, à Sophia-Antipolis, près de Nice. Les inscriptions sont déjà ouvertes. Vous pouvez envoyer un message à l’organisateur, Ugo Bellagamba : ugo.bellagamba@gmail.com.

C’est épuisée mais ravie de mon séjour, de ces nouvelles rencontres, des retrouvailles avec les collègues auteurs, et des discussions passionnantes à travers nos masques que je suis redescendue dans le Sud.

Maintenant, au boulot !

H. G.

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