Les Femmes et la science(-fiction) – Célia Ibanez

Célia Ibanez est une auteure de science-fiction du sud de la France. En 2019, elle a publié le dernier tome de sa trilogie dystopique : H+. La science-fiction est un genre encore largement dominé par les auteurs anglo-saxons et par les hommes. Il n’est pas évident de s’y faire une place quand on cumule deux “handicaps” : être une femme et être française. La science-fiction est encore trop souvent vue comme un sous-genre de la littérature. Elle manque cruellement de visibilité dans les médias, dans les émissions culturelles à la radio, à la télévision, dans les magazines, et même sur les réseaux. Beaucoup trop de lecteurs et de lectrices mettent tous les genres de la science-fiction dans le même panier et les regardent avec inquiétude et méfiance. En 2020, il est grand temps de faire connaître la science-fiction à un plus large public. Chez Plumes Ascendantes, nous avons décidé d’agir en mettant en avant les auteures de science-fiction ; ces femmes qui n’ont pas froid aux yeux. Elles apportent de la fraîcheur à un genre qui a grand besoin d’un nouveau souffle.

 

Célia Ibanez

D’origine buccorhodanienne, Célia Ibanez est avant tout une habitante du monde.

Célia Ibanez est née en 1982, à Marseille. Elle a grandi aux Pennes-Mirabeau, dans les Bouches-du-Rhône. Elle a l’accent chantant de cette région, on entendrait presque les cigales dans sa voix. Elle est fille unique. Ses parents travaillaient tous les deux chez France Télécom. Son père avait pour passion de monter des spectacles humoristiques. Il se livrait à des imitations de personnalités, de chanteurs, d’hommes politiques. Nul doute qu’il a transmis sa fibre artistique à sa fille !

Après un master en “management interculturel et religieux”, Célia Ibanez a beaucoup voyagé dans le cadre de ses divers emplois pour de grandes entreprises. Du New-Jersey à Tahiti en passant par le Luxembourg, elle dispensait des formations aux personnels dans le cadre du management de projets, de la prise de décisions, ou encore de la gestion du stress. Elle a aussi été professeure à domicile, en Europe. Elle enseignait le français, l’anglais, l’allemand.

Elle voyage aussi beaucoup par plaisir. Elle économise toute l’année pour ensuite passer trois semaines, un mois à l’étranger : « Si tu veux vraiment sentir l’âme d’un peuple, d’un pays, d’une terre, je pense qu’il faut quand même y rester un petit peu ». Récemment, elle est ainsi partie à Bali, au milieu d’une végétation luxuriante. Sa prochaine destination sera certainement le Pérou, où elle aimerait visiter les temples. Elle est attirée par “tous les lieux mystiques”. Autant de paysages magnifiques qui ne manquent pas de nourrir son inspiration et ses écrits colorés !

Célia Ibanez à Bali.

On lui a dit : “Ecrire, c’est pas un métier !”

Célia a l’écriture dans la peau depuis toujours. D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours écrit. A six ans, elle tenait un petit carnet dans lequel elle écrivait des histoires. À l’école, elle proposait à la maîtresse de lire ses écrits dont elle était fière. Et puis un jour, on lui a dit : « Ecrire, c’est pas un métier, c’est un hobby ! ». Quel écrivain n’a pas entendu cette phrase terrible ? Une phrase à double tranchant. Elle douche espérances et rêves d’avenir, mais surtout elle réduit l’écriture à un simple passe-temps, dégradant ainsi le métier d’écrivain, niant tout le travail que cela demande. Célia traduit bien ce que l’on ressent à ce moment-là : « Si tu dis, par exemple, que t’as la vocation d’être sage-femme, d’être docteur, d’être avocate, d’être coiffeuse, c’est bien, ce sont des métiers reconnus. Mais quand t’as la vocation d’être écrivaine, et qu’on te dit que c’est pas un métier, eh bien ! Tu comprends pas, c’est frustrant ! Ça veut dire quoi ? Pourtant les gens ont besoin de rêver ! » Un auteur n’écrit pas simplement dans une démarche cathartique. « C’est aussi le plaisir de partager, de faire rêver les gens, donc ça devrait être considéré comme un métier et même un très beau métier ! Peut-être que les choses vont changer… » En attendant, Célia a essayé de se couler dans le moule du système – comme la plupart d’entre nous. Mener une carrière professionnelle et écrire en parallèle est compliqué pour elle… Cette frustration d’écriture est très dure à vivre, quand écrire est vital et prend aux tripes.

Une vie entre écriture et famille 

Mais Célia, comme tous les écrivains passionnés, ne s’est pas laissée décourager. À 18 ans, elle achevait son premier roman : Les couleurs du jour. Un roman enregistré sur disquette, à l’époque, qu’elle a hélas perdu. Quelques années après, elle écrivait et publiait Le Cinquième monde : une série en six volumes et en autoédition. Célia est auteure de nouvelles et de romans de science-fiction. C’est une jeune femme dynamique, enthousiaste, dont le caractère enjoué est communicatif.

Aujourd’hui, Célia vit à Martigues. Elle a choisi d’alterner les CDD et les périodes d’écriture. De cette manière, elle peut se consacrer le plus souvent possible à sa passion. Cela lui permet aussi d’être proche de son petit garçon qui aura onze ans cet été. Elle est séparée du père avec lequel elle a vécu une douzaine d’années. Pas facile pour un conjoint de supporter les week-ends agités que s’impose tout auteur pour promouvoir ses livres ! De salons en librairies, le rythme des dédicaces est souvent éprouvant. Alors les chemins de vie se sont éloignés et le couple s’est séparé.

Car Célia Ibanez est de tous les salons, de tous les événements. Elle ne manque pas une occasion de promouvoir ses livres. C’est ainsi que je l’ai rencontrée, autour de sa trilogie colorée et décoiffante : H+. « Quand j’ai commencé à écrire H+, le sujet du transhumanisme était moins à la mode. Aujourd’hui, tu tapes « transhumanisme » sur Internet, tu tombes sur plein d’informations. » Célia a commencé l’écriture de cette série en 2012 et l’a achevée en 2019. Ses romans fourmillent d’idées nouvelles, de technologies futuristes et d’objets épatants, comme les “proxx”, ces chaussures à semelle épaisse qui s’adaptent à la morphologie du pied, ou encore les “BMV”, ces bijoux-insectes à la mode pour embellir une tenue ou un visage. Citons aussi le “brumitox” – une brume légère artificielle –, le “xanjis” – une boisson prisée –, les “VrillTC” – des véhicules de transport aériens –, les “Kimias” – des pierres luminescentes… Tous ces noms ajoutent au dépaysement total auquel invite Célia dans ses romans. Le premier tome de la série : H+, Transmutation, est paru en 2017, le deuxième Transformation en 2018 et le troisième Transcendance en novembre dernier, toujours en autoédition. Je vous invite à aller lire ma chronique à propos de cette trilogie sur le site du Galion des étoiles.

Des projets plein la tête…

Célia Ibanez est une écrivaine prolixe, elle fourmille d’idées. Nourrie par les séries télévisées et les films, par ses lectures éclectiques, elle s’abreuve aussi auprès des sites Internet de vulgarisation scientifique, comme Futura sciences. C’est ainsi qu’elle a déjà écrit une nouvelle pour l’appel à textes lancé par les éditions Le Grimoire et dont le thème s’intitule, cette année : « Des astres humains ». Cet appel à textes est ouvert à tous. Vous pouvez consulter le règlement à l’adresse ci-dessous :

http://www.millesaisons.fr/des-astres-humains-appel-a-textes-du-prix-mille-saisons-2022/

En outre, Célia prépare un roman pour une publication prochaine : elle travaille sur la couverture avec l’éditeur. Enfin, elle a en projet une série de romans illustrés pour les enfants entre 7 et 9 ans, dans le style des Beast Quest. Un premier tome est déjà écrit. Cette série s’intitulera : Le Peuple des enfants. « Maintenant, je vais écrire pour les enfants ». Nul doute que les jeunes lecteurs seront emportés par les aventures que Célia leur réserve…

Pour suivre Célia Ibanez, rien de plus simple : elle tient un blog et un site Internet dans lesquels elle parle de ses écrits, de ses dédicaces et de son actualité. Vous la retrouverez aussi sur les réseaux sociaux, tels que Facebook et Instagram.

Je vous laisse en musique, avec un autre des nombreux talents de cette épatante auteure :

 

Merci encore, Célia, d’avoir accepté de répondre à mes questions pour cet article.

H. G.

 

 

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